La Pointe de Ressassat est le dernier sommet à gauche. Au 2ème plan, la Pointe de Sans-Bet. Au fond, le Pic de Tenneverge. |
Point de départ : le Mont (10 mn en voiture du Margalier)
Durée (en mode randonnée tranquille) : environ 4h de montée, 3h de descente
Dénivelé positif : environ 1300 m. Départ : 972 m. Point culminant (Pointe de Ressassat) : 2220 m Difficulté : 7/10 (par beau temps sec)
Y aller ... ou pas ?
Le four à pain du hameau du Mont |
La montée jusqu'à la Dent de Verreu (2h30 de montée) est une balade facile, accessible à tous, avec une première partie sur chemin carrossable jusqu'à la buvette des Praz du Mont, et une seconde partie sur un sentier bien tracé. La montée est très agréable, plutôt ombragée, en pente assez douce presque partout, avec de très belles vues dans toutes les directions.
De la Dent de Verreu : le Mont Blanc et la chaîne des Fiz |
De la Dent de Verreu : la Montagne de Criou, la Pointe Rousse, la Pointe de Ressassat |
Alors, me direz-vous, pourquoi s'enquiquiner à monter encore pour aller jusqu'à la Pointe de Ressassat ? Ben ... parce que c'est plus loin, plus haut, encore plus beau ... et plus difficile !
La Dent de Verreu vue de l'arrière |
En montant vers la Pointe de Ressassat |
Ce n'est donc ni difficile, ni dangereux, c'est juste délicat : il faut éviter de faire la randonnée par mauvais temps, et il faut regarder où on met les pieds, parce que ça glisse pas mal dans les grandes herbes, et qu'il peut y avoir des trous peu visibles où on peut vite fait se tordre une cheville ou un genou. La trace est parfois assez évanescente, mais ça ne pose pas vraiment de problème parce qu'on voit bien où on va et qu'il n'y a pas de piège. Et la vue à l'arrivée au sommet est vraiment splendide.
L'itinéraire
On gare la voiture au parking du hameau du Mont. On suit le chemin carrossable jusqu'à la buvette des Praz du Mont, puis le sentier jusqu'à la table d'orientation de la Dent de Verreu (les chiens sont interdits de passage au-delà de la buvette).
Au-dessous, la Dent de Verreu |
La vallée du Giffre ... jusqu'au Jura ! |
Il vaut mieux rester aussi près que possible de la crête, parce que la vue y est plus belle, et l'herbe moins haute. On continue ainsi jusqu'à un premier sommet, puis un second, et on arrive à la Pointe de Ressassat, qui est le dernier sommet "facilement" accessible.
De gauche à droite : Tendraiche, Pointe des Chardonnières, Pointe Rousse, Grands Fats, et en premier plan à droite la Pointe de l'Ecorchoir |
La redescente se fait par le même chemin.
Mes temps de parcours
Total : 5h00. Montée à la Dent de Verreu : 1h40 ; de la Dent de Verreu à la Pointe de Ressassat : 1h15 ; Descente : 1h50.
Et voici la trace ! |
Un peu de toponymie
Vous vous demandez peut-être pourquoi je m'intéresse à ça - je veux dire, aux origines des noms de lieux. C'est que les mots, au fond, c'est comme les hommes : ce sont nos compagnons de tous les jours. On vit à côté d'eux, on vit avec eux, et, souvent, on ne les connaît pas vraiment, ou on croit les connaître et on les connaît mal. Je crois que savoir d'où ils viennent, ce qu'ils ont vécu, connaître leur famille, leur histoire, c'est un moyen de les comprendre mieux, et donc de les aimer mieux. Et j'aime les mots, et j'aime jouer avec eux. C'est pour ça que je m'intéresse à ça.
Ressassat (Pointe de Ressassat). Ressassat, c'est la troisième personne du singulier du verbe ressasser à l'imparfait du subjonctif, sans l'accent circonflexe. Mais, comme vous vous en doutez, ça n'a rien à voir, à moins de considérer que ça se rapporte aux ruminants qui broutent là-haut, et qui ruminent, et donc qui ressassent ...
Non, Ressassat, ça vient du franco-provençal ressa, scie (patois raissi, reissa, vieux français resse, du latin resecare, couper, tailler).
Comme dans la chanson :
"Tira la ressa , Jan Vidau / Tira la tus que siès pus naut / L'aiga es bona, lou vi milhou / Tira la ressa, bon coumpagnou." (Tire la scie, Jean Vidal / Tire-la, toi, puisque que tu es le plus haut / L'eau est bonne, le vin est meilleur / Tire la scie, bon compagnon)
ou celle-ci :
"Tira la rèssa mèstre Joan Tira-la tu que siás plus grand Dona de pan a teis enfants Dona n’i en tu que siás plus grand Dona n’i en tu, capèu ponchut." (Tire la scie, maître Jean / Tire-la toi-même car tu es plus grand / Donne du pain à tes enfants / Donne-le leur, toi qui es plus grand / Donne-le leur, chapeau pointu ! ).
Et alors là, tout d'un coup, je suis scié. Parce que je découvre à l'instant cette page remarquable sur le sujet. Et surtout parce qu'elle est écrite par un certain Enki Dou. Et que Enkidou (ou, parfois, Enki Dou), c'est moi. Sauf que l'auteur de ce blog, ce n'est pas moi. J'aurais bien aimé, parce que ce blog est magnifique. Lisez-le. Moi, quand je vois tout ça, je me sens vraiment tout petit.
Bref, pour Ressassat, on voit assez bien le rapport entre cette crête et la scie, parce qu'entre la Dent de Verreu et la Pointe de Ressassat elle ressemble vraiment à une succession de dents de scie.
Verreu (Dent de Verreu). Dent de Verreu, c'est presque le verlan de verre à dents. Mais vous avez raison : ça n'a rien à voir. Pas plus qu'avec les fruits du même nom.
Comme je le disais là, Verreu dérive sans doute du patois savoyard vorê (ou varoche, varosse, verosse), qui désigne l'aulne de montagne. En l'espèce, le toponyme Verreu a sans doute désigné d'abord l'alpage (le chalet de Verreu existe bien), puis est "monté" au sommet le plus voisin.
Mais pourquoi la Dent, alors que, lorsqu'on y arrive, ça ressemble juste à une petite bosse herbeuse et inoffensive ? Sans doute parce que l'ensemble de la crête jusqu'à la Pointe de Ressassat fait penser à une succession de dents de scie (cf. chapitre précédent), dont le sommet de Verreu est la première.
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