lundi 8 septembre 2014

Balade : le lac de Gers, les Verdets et la combe des Foges à partir du pont de Lédedian

Randonnée faite le 2 septembre 2014

La Tête Pelouse

Point de départ : parking du Pont de Lédedian (alt. 1130 m -15 mn en voiture du Margalier)
Durée : montée 4h, descente 3h30.
Dénivelé positif : 1300 m. Point culminant : les Verdets, 2385 m
Difficulté : 6/10

La Combe de Gers
En résumé

La balade est très belle tout du long, assez longue mais sans aucune difficulté. Elle parcourt deux splendides combes : d'abord la combe de Gers, avec en bas le lac du même nom, et en haut la piste de ski également du même nom ; puis la combe des Foges, par laquelle descend la superbe piste de ski dite "des cascades". Du sommet des Verdets, qui est aussi le sommet du téléski de Gers, on a une vue magnifique sur la chaîne du Mont Blanc, les Aravis, la montagne de Platé, celle d'Anterne, et toute le Chablais jusqu'au Jura. Et le paysage fait oublier sans difficulté les installations de sports d'hiver, qui ont un peu abîmé le sommet - vivement quand même qu'on en invente d'escamotables - et vivement qu'on fasse diparaître toutes les lignes à haute tension par la même occasion ...

J'avais prévu de monter par la combe des Foges et de redescendre par celle de Gers. Comme j'ai raté l'embranchement avant le lac de Gers, j'ai fait la boucle dans l'autre sens, et je ne le regrette pas : la pente étant plus raide côté Gers, je pense qu'il est plus agréable de faire la montée par la combe de Gers et la descente par les pentes plus douces de la superbe combe des Foges.

Le lac de Gers
L'itinéraire

Pour atteindre le pont de Lédedian à partir de Samoëns, on prend la route de Samoëns 1600, qui démarre juste après le pont du Giffre à la sortie sud-ouest de Samoëns. On traverse le village de Vercland, puis on passe trois fois sous le télécabine. Environ 1.5 km après le dernier passage sous le télécabine, on bifurque sur la petite route à gauche qui mène au pont de Lédedian et à son parking.

Du parking, on prend le large chemin qui traverse le torrent, et on le suit jusqu'au lac de Gers (attention : si on veut faire la balade dans l'autre sens, il faut bifurquer à gauche peu après la sortie de la forêt et l'entrée dans la combe). On contourne le lac par la gauche et on suit le chemin qui monte vers le fond de la combe. A un moment le chemin part vers la gauche, en direction du téléski : il ne faut pas le suivre, mais continuer tout droit dans ce qui semble un mauvais chemin mais qui est en réalité le bon, de façon à se trouver sur le versant droit de la combe (dans le sens de la montée). Au lieu-dit les Lanches Fleuries, un embranchement à droite permet de rejoindre le col des Grands Vans. On arrive au Col Pelouse, au pied de la Tête de Balacha et de la Tête Pelouse.

Le Mont Blanc vu des Verdets
Il ne faut surtout pas s'arrêter là, ça serait vraiment trop bête : il ne reste que quelques dizaines de mètres à monter pour découvrir le Mont Blanc et sa bande. On ne prend pas à droite vers Flaine (à moins d'avoir envie d'y aller, à Flaine), mais on continue à monter légèrement sur la gauche en suivant les indications "Chalets des Foges". A l'embranchement suivant, on ne prend ni à droite vers les Grandes Platières (à moins d'avoir envie d'y aller, aux Grandes Platières), ni à gauche vers le lac Parchet (à moins etc.), mais tout droit. Le chemin contourne la Tête Pelouse par la gauche (i.e. par le nord). Et on découvre progressivement la chaîne du Mont Blanc dans toute sa splendeur. Au panneau indiquant les Verdets, un large chemin sur la gauche permet d'atteindre le sommet lui-même, quelques mètres au-dessus.

La Pointe du Griffon
Du sommet, on reprend le même chemin pour rejoindre le panneau, puis on poursuit la descente en prenant la direction des chalets des Foges. Dans la première partie de la descente, on a sur sa gauche la Pointe du Griffon, et sur sa droite des quantités de moutons qui, s'ils étaient silencieux et immobiles, se confondraient avec les pierres - et de fait ils ne sont ni l'un ni l'autre. Un peu plus bas, pour rester fidèle à mes habitudes, j'ai réussi à faire une erreur de parcours, en suivant une trace qui m'a emmené trop à gauche. Arrivé sous un pylône de la ligne électrique, j'ai entendu mon GPS intérieur me dire : "Faites demi-tour immédiatement". Par principe, je n'ai pas obéi tout de suite, et j'ai poursuivi le sentier sur quelques dizaines de mètres. Peut-être ce sentier menait-il jusqu'en bas, qui sait, mais je n'ai pas tenté l'aventure, et j'ai sagement rebroussé chemin pour rejoindre le sentier normal un peu plus bas.

On rejoint le chemin de la montée en dessous du lac de Gers, chemin qu'on suit jusqu'au parking.

NB. Il paraît qu'on peut monter sans difficulté au sommet de la Tête Pelouse. Je n'ai pas essayé.


Mes temps

Montée : 2h45 Descente : 1h45 Total : 4h50 - dont 20 mn de pause au sommet

Un peu de toponymie

Tête de Balacha. Balacha est un mot composé de l'adjectif franco-provençal bala, belle, du bas latin bella, et du nom cha (comme par exemple la Pointe de Bella Cha, dans les Aravis). Et qu'est-ce qu'un cha ? Le mot viendrait du gaulois calmis, ou du bas-latin calma, désignant un champ ou un pâturage (rien à voir donc avec le latin campus, qui a donné le mot français champ, ainsi que le savoyard shan, qui désigne, selon Viret, un fond de vallée). Plus précisément, il désigne un pâturage de montagne. Quand au sommet lui-même, c'est le nom du pâturage qui, comme souvent, lui est monté à la tête.
Flaine. On le trouve écrit Flénoz en 1730. Ce toponyme pourrait venir du patois savoyard flané, déformation du mot savoyard plâno ou pléno, qui désigne l'érable plane, appelé aussi plane ou plaine.
Combe des Foges. Le terme foge dériverait du latin fovea, trou, excavation, fosse, tanière, caverne, de même que le mot régional fouge, désignant une gorge. Pour faire simple, foge est synonyme de combe. La combe des Foges est donc un pléonasme. J'ignore si le breton foz, qui désigne aussi une fosse ou un fossé, a un rapport avec notre foge.
Combe de Gers. Selon Pégorier, le nom Gèr, ou jèr, ou gèrs, désigne, dans les Pyrénées, un terrain gazonné sur la montagne. Alors pourquoi pas en Savoie ? Désolé, je n'ai rien trouvé de mieux.
Pointe du Griffon. Il semble assez probable que le nom vienne du patois grépon, greppon, qui signifie rocher (cf. par exemple l'Aiguille du Grépon dans les Aiguilles de Chamonix, ou la Tête du Greppon dans les Aravis), et que le greppon soit devenu un griffon par transcription hasardeuse et "attraction paronymique", comme disent les savants, de l'animal fabuleux ainsi dénommé.
Pont de Lédedian. Lédedian, c'est une anagramme de deadline, mot anglais qui désigne (notamment) une ligne qu'on ne peut franchir sous peine de mort. Mais je témoigne qu'on ne se fait pas tirer dessus quand on traverse le pont : ça n'a donc aucun rapport. La carte IGN écrit Lédedian, mais on trouve souvent écrit, et notamment dans un texte de 1888 qui figure dans les archives de Samoëns, l'Édedian : ça ne nous éclaire guère plus sur l'origine du nom. Il existe aussi un hameau dénommé l'Ededian sur la commune d'Abondance. Et puis c'est tout. Nous voilà bien avancés.
Lac Parchet. Le toponyme parchet, assez répandu dans les Alpes, vient tout simplement de l'ancien français parchet, petit parc, enclos. On faisait sans doute paître les moutons aux alentours du lac, et pour ce faire on devait les enclore, encore et encore.
Tête Pelouse. Pas de piège : c'est bien le même mot, et la même notion, que le mot français moderne pelouse - même si je doute que le sommet soit tondu régulièrement. Il vient du provençal pelouso, substantif tiré de l´adjectif vieux français pelous, pelouse, du latin pilosus, couvert de poils. On découvre ainsi que la pelouse a la même origine que la pilosité. La Tête Pelouse est donc l'antonyme du Mont Chauve. Au poil !
Les Grands Vans. Non, ce sommet ne tire pas son noms des grands vents qui y soufflent parfois, mais du franco-provençal van, signifiant rocher, sommet rocheux, montagne. C'est de ce même van que le massif de la Vanoise tire son nom.
Les Verdets. Tout simplement, les Verdets sont un lieu verdoyant. Ni plus, ni moins. Comme un verger. Et tout ça vient du latin viridis, verdoyant, vert.

1 commentaire:

  1. Excellentes explications toponymiques et étymologie pointue. J' y étais aujourd'hui, d'où ma recherche et la découverte de ce blog très documenté. Bravo.

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