Des mots d'ici


Les Frahans

C'est ainsi qu'on nommait autrefois les maçons et tailleurs de pierres de Samoëns. Partageant les quelques mois d'hiver avec leurs familles, ils quittaient la vallée chaque année au mois de mars pour aller travailler sur les chantiers de construction de leur temps. Etablis en corporation, regroupés au sein de la célèbre Confrérie des Quatre Couronnés (*), créée en 1659, ces maîtres maçons se sont illustrés, d'abord, dans la construction des églises et des monastères. Les Frahans ont exporté fort loin leur art de tailler la pierre : du Piémont à la Lorraine, en passant par le Dauphiné, la Franche-Comté, l'Alsace et l'Alémanie ... Leur nombre grandissant, ils saisirent de nouvelles opportunités en se faisant embaucher sur les grands chantiers de France : les fortifications bastionnées de Vauban (Besançon, Briançon, l'arsenal de Rochefort...) et plus tard les grands canaux de l'époque impériale (Centre, Saint-Quentin, Rhin-Rhône). A l'aube du XXe siècle, leur économie a été fortement diminuée par le développement de nouveaux modes de construction. Aujourd'hui à Samoëns, ils sont plus qu'au nombre de deux....

Force économique, les Frahans ont constitué aussi une force sociale importante dans l'histoire de la vallée. Organisés en corporation de fait depuis des temps anciens, les bâtisseurs de Samoëns ont été souvent mis à l'index par les religieux, qui observaient avec méfiance leurs allées et venues vers les pays de la Réforme protestante. Contraints à se placer sous l'autorité de l'église, les maçons de Samoëns durent attendre 1851 avant de pouvoir prétendre à une organisation laïque : la Société des Maçons de Samoëns était née. Cette dernière a été refondée en association à but culturel par Claude Castor et Jean-François Tanghe en 1979.

(Pour plus d'informations à propos des Frahans : voir ici)

Le mourmé

Le mourmé, argot de métier des maçons et tailleurs de pierre du Faucigny, semble être né vers la seconde moitié du XVIIème siècle. Il comprenait de l'ordre de 2 000 mots. Il n'est plus parlé aujourd'hui. En cliquant sur ce lien vous découvrirez un dictionnaire mourmé-français assez complet.

Curieusement, le vocabulaire mourmé ne comporte que très peu de mots ayant trait au métier proprement dit. Il s'agit d'un argot de migrant plus que d'un argot de métier : cette langue permet à ceux qui sont partis au loin sur les chantiers de communiquer entre eux sans être compris des non-initiés.


Blason de la Société des Maçons
Un peu de vocabulaire mourmé :
Mannedigne : Samoëns
frahan : tailleur de pierre
kègne : maçon
bouscolin : charpentier
frahi la grema : tailler la pierre
maçà la cauche : faire le mortier
frognetà la bouscola : scier la charpente
molieuze : brouette
namé : compagnon
cavoet : renard
tréca : quatre (verlan !)
Cliquer ici pour voir d'autres mots de vocabulaire mourmé.

(*) "Les quatre couronnés" sont des sculpteurs chrétiens mis à mort en 306 par l'empereur romain Dioclétien pour avoir refusé de sculpter une statue en l'honneur du dieu païen Esculape. Leurs noms francisés sont Claude, Castor, Symphorien et Nicostrate. Aux quatre saints, on ajoute souvent celui d'un compagnon qui subit le même sort, Simplicien. Les quatre couronnés sont représentés sur un vitrail de l'église de Samoëns. (Retour)

La prière des Frahans

(cliquer ici)

Des sculptures réalisées et exposées à Samoëns



Sources : site internet de la mairie de Samoëns ; le Blog de Pierre.

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