lundi 12 septembre 2016

Balade : la Pointe de Chalune (2116 m)

Randonnée faite le 31 août 2016

Le Roc d'Enfer vu de la Pointe de Chalune

Point de départ : Le Foron, sur la route du Col de l'Encrenaz
Durée (en mode randonnée tranquille) : environ 2h de montée, 2h de descente
Dénivelé positif : 760m
Difficulté : 4/10

Au départ de la balade
Y aller ... ou pas, et quand ?

C'est une jolie randonnée sans difficulté. Seule la montée finale du Col de Chalune vers la Pointe de Chalune est un peu escarpée. Mais on a de là-haut une vue superbe à 360°, avec le Roc d'Enfer tout à côté, et toute la région tout autour - à condition, bien sûr, que tout ça ne soit pas dans les nuages, ce qui était le cas le jour où nous avons fait cette balade.
Le Foron du Milieu. Au fond, le Col de la Bolire,
Comme le parcours est presque entièrement à découvert, il est préférable de faire cette randonnée quand il ne fait pas trop chaud. Mais c'est aussi dommage, voire dangereux, de la faire quand le temps est couvert : la vue est beaucoup moins belle, et je n'aurais pas aimé être pris dans les nuages dans la descente de la Pointe vers le Col de Chalune - il s'en est fallu d'assez peu ce jour-là. L'occasion idéale pour cette balade est donc une belle journée d'automne ...


L'itinéraire

Vue du Foron d'en Haut
On gare la voiture au parking du Foron, sur la route qui mène au Col de l'Encrenaz (environ 35mn du chalet). Et de là on suit le chemin, qui passe successivement au Foron du Milieu (qu'on contourne par la droite), puis au Foron d'en Haut (qu'on traverse tout droit), puis au Col du Foron ... et on arrive tranquillement au Col de Chalune. De là part le sentier qui grimpe, en suivant à peu près la crête, vers la Pointe de Chalune.
A la descente, de retour au Col de Chalune, on prend à droite en direction du Chalet Blanc. Un peu avant d'y arriver on prend vers la gauche pour atteindre, par un sentier bien tracé à flanc de coteau, le Col de la Bolire, et on rejoint le chemin de la montée au Foron du Milieu.

Un faucon crécerelle en vol stationnaire
Les faucons crécerelles

Au voisinage du Foron du Milieu nous avons rencontré une colonie de faucons crécerelles. Enfin je pense que c'étaient des faucons crécerelles.
D'abord, ils ne ressemblaient à aucun des oiseaux que l'on rencontre habituellement dans la région (il paraît qu'il y en a pas mal, mais je n'en avais encore jamais vus). Mais surtout, ils jouaient au cerf-volant, ce que je n'avais vu faire à aucun oiseau jusque là. Chacun à leur tour, ou à plusieurs à quelques mètres de distance, ils se mettaient face au vent et se maintenaient en vol stationnaire, à quelques mètres au-dessus du sol, en battant des ailes très rapidement et en arrondissant leur queue en éventail pour se stabiliser. Après quelques secondes de vol stationnaire - je suppose que l'exercice est assez fatigant - ils se laissaient partir en arrière avec le vent, faisaient un ou deux tours en volant tranquillement, puis reprenaient pour quelques secondes leur vol immobile. Et tout ça donnait vraiment l'impression d'un jeu - même si, selon Wikipedia , c'est juste une posture de guet habituelle pour cette espèce de rapace.

Un autre genre d'oiseau, dans la montée vers le Col de Chalune
Un peu de toponymie

Chalune (Col et Pointe de Chalune)
Il est fréquent que le C occitan (ou latin), devant une voyelle, soit devenu Ch (qui se prononce différemment selon les lieux : comme en français à Lyon, ts dans le Val d’Aoste, comme le th anglais en Savoie). On trouve de nombreux exemples de cette "palatalisation", comme le passage du castel latin à notre château, de caballus à cheval, de capra à chèvre, de campus à champ, de cambiare à changer, ou de cantare à chanter.
Chalune dérive ainsi probablement du radical pré-celtique cala, qui désigne principalement un lieu abrité en montagne.
Les mêmes rochers vus de dessus
Cet étymon cala se retrouve dans des tas de mots dans tout le bassin ouest-méditerranéen, en italien, en espagnol et en catalan. Parmi ces descendants on trouve le mot chalet, qui est à l'origine un abri dans la montagne. On trouve aussi le mot calanque (calanca ou calanco en occitan ou provençal, calanca en corse et en italien, cala en catalan et en espagnol), qui est une crique protégée par des rochers, et donc un abri sur la côte.
Le Col de Chalune vu de la montée vers la Pointe
On retrouve ce sens d'abri en occitan, où le verbe acalar signifie abriter, héberger, ou dans des régionalismes comme dans le Forez, où chala signifie à l’abri, chalar,  mettre à l’abri, se chalar ou s’enchalar, se mettre à l’abri.
Mais cala (ou cara, ou calla, ou challa) peut aussi signifier en francoprovençal pente raide, ravin (d'où l'expression bien connue in challa, dans le ravin, que certains traduisent, Dieu sait pourquoi, par si Dieu le veut). Est-ce un mot complètement différent (racine kal, ravin), ou une extension métonymique des rochers abrupts qui bordent la calanque, ou un mélange des deux ?
Les descendants, ou les cousins, de ce cala-là, sont légion : par exemple le patois calonna, pente abritée, et les mots régionaux calane, escarpement, versant rocheux abrupt, calina, pente d´une colline, ravin en pente, descente. De même, le mot calanque (ou ses variantes calanco, chalancha, chalanche, cialancia, chalanca) a parfois le sens de gorge, ravin, escarpement, couloir d'avalanche, éboulis : ici, le sens primitif d'abri semble avoir complètement disparu - car on sait que construire un chalet dans un couloir d'avalanche n'est pas le meilleur moyen de se mettre à l'abri.
Celui-là surveille les moutons autour du Chalet Blanc
Pour revenir à notre Chalune, il est difficile de savoir si le sens primitif était plutôt celui de la pente, plutôt celui de l'abri, ou un peu des deux. Ni le Col ni a fortiori la Pointe ne peuvent avoir été considérés comme des abris. Mais il est probable que le toponyme soit monté au Col et à la Pointe : monté, oui, mais d'où ? Il n'existe sur la carte IGN aucun lieu dénommé Chalune dans les parages. Donc le mystère demeure(*). Et si vous trouvez que tout ça est bien flou, sachez que moi aussi.
Dans la descente vers le Chalet Blanc, en direction du Col de Vésinaz
Quant au suffixe -une, ça pourrait être un suffixe de lieu, comme dans le toponyme béarnais latz-une, le lieu du ruisseau (latz signifiant ruisseau). Mais le Béarn, c'est bien loin. Alors c'est sans doute autre chose. Pourquoi pas une sorte d'augmentatif affectueux ?
(*) Mais j'y pense tout d'un coup : l'abri en question, ne serait-ce pas le Chalet Blanc, situé juste en-dessous du Col ? De Chalet à Chalune, il n'y a qu'un pas ...

Foron
En francoprovençal, selon Ernest Nègre, foron signifie torrent. Nos ancêtres ne se sont guère foulés : ce Foron-ci (qui conflue avec le Giffre à Taninges, à ne pas confondre avec le Foron qui passe à la Roche-sur-Foron et se jette dans l'Arve) est un torrent judicieusement appelé le Torrent. On trouve diverses variantes du même hydronyme, par exemple le Furon (affluent de l'Isère) ou le Furans (affluent du Rhône).
L'origine du mot est disputée, mais ma préférence va au latin furor, colère, fureur, qui me semble approprié s'agissant d'un torrent de montagne.

Vers le Col de la Ramaz
Bolire (Col de la Bolire)
Deux hypothèses. Soit ça vient du bouleau, en vieux français boule, qui a donné une quantité de toponymes dans toute la France, comme par exemple Biollaires, Baulet (la Croisse Baulet), Boulogne, la Baule ... Soit ça vient du bas latin bola, terrain inculte, lande à bruyère. Entre les deux mon cœur balance.

Encrenaz (Col de l'Encrenaz)
Encore un toponyme tautologique - comme il y en a beaucoup. C'est le mot patois encrena, entaille, arête dentelée, couloir dans une paroi rocheuse, du vieux français créner, entailler, découper, du bas latin crena. Comme un cran, ou un créneau. Mais rien à voir avec un engrenage, bien qu'il soit aussi à crans ...

Le tracé de la randonnée

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