jeudi 21 avril 2011

Des saisons et des jours ... en mourmé

Les mois

janvier : jhalieu (de gelée)
février : frêdieu (de froid ?)
mars : sènieu (de sènâ, semer)
avril : grannieu (de graines ?)
mai : fleirieu (de fleurs ?)
juin : fènieu (de foins ?)
juillet : meihenieu (de mèhenâ, moissonner)
août : vogieu (de vogue, la fête du 15 août ?)
septembre : magnolieu (cf. magnolâ, vendanger ; de magne, vin)
octobre : couilleu (de couilli, récolter)
novembre : follieu (de feuilles ? cf. folliaret, automne)
décembre : çharfieu (pas du char de Saint-Nicolas, mais du patois charfà, chauffer )
Les saisons
printemps : smaret (de smarâ, labourer)
été : forcançhe (de canche, synonyme de foin ?)
automne : folliaret (cf. follieu, novembre ; de feuilles ?)
hiver : crépioti (cf. crépiotâ, faire froid)
Une hypothèse sur l'origine de crépioti.
"L'hiver, la neige recouvrait les villages ... Dans leurs demeures enfouies sous la neige, bêtes et gens se rassemblaient comme les marmottes dans leurs terriers. ... Le souper terminé, par petits groupes, les habitants se réunissaient chez l'un d'entre eux. Assis sur le crépio, une suite de bancs accolés aux lits clos,... les hommes sculptaient un morceau de bois, les femmes filaient la laine de leurs brebis, et la voix du conteur s'élevait lentement."

Damien Tracqui, Contes de la "lombarde", coll. Savoie poche, La Fontaine de Siloé
Les nombres
un : on
deux : bierre (sans doute parce que deux est l'inverse d'un demi, une sorte de verlan mathématique et houblonesque)
trois : ?
quatre : treca (pas un matelas pour quatre, juste du verlan)
cinq : finlme
six : hilme
sept : salme
huit : ouilme
neuf : noulme
dix : dilme
Les noms de ville

Contrairement à l'idée émise , le mécanisme de formation des noms de ville en mourmé semble très simple : on prend la terminaison du nom réel, et on ajoute le suffixe -digne.

Samoëns : mannedigne
Morzine : znanedigne
Montriond : riannedigne
Le suffixe -digne semble avoir été un suffixe un peu passe-partout du mourmé, un peu comme -uche en argot parisien (cf. Ménilmuche pour Ménilmontant, Pantruche pour Pantin, ou encore trucmuche).

Quelques exemples :
mikenedigne ! : c’est l’heure de la soupe, de l’arrêt du travail (de miket, midi)
regadigne : hier, la veille
sannedigne : demain
rônedigne : vitre
baranedigne : misère (de barâ, le mal)
fènedigne : café au lait
triânedigne : homme
Le verlan a aussi été un des mécanismes de formation de mots en mourmé.
Exemples :
quatre : treca
chambre : brachanna
fusil : goflin (flingue, flingot)
planche : chaplanna
pièce : ecedonpi
tiebél : bête
tiecan : content

Source principale : Vocabulaire mourmé-français réuni par Théophile Buffet, in Revue savoisienne n°41, 1900, ici et .

2 commentaires:

  1. janvier : jhalieu de gelée
    mars : sènieu de semer, sènâ, et non sèmâ
    juillet : meihenieu de mèhenâ, moissonner
    octobre : couilleu de couilli, récolter
    automne : smaret de smarâ, labourer

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  2. Merci ! Je suis heureux de voir qu'il existe encore des mourméophones ! Je vais donc faire les corrections sur le champ (lexical bien sûr). Il y a sûrement d'autres erreurs (ou bêtises), n'hésitez pas à les corriger !

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