lundi 22 août 2016

Balade : le Cirque de Vaconnant

Randonnée faite le 15 août 2016
 
Le Cirque de Vaconnant

Point de départ : Le Margalier
Durée : 5h
Dénivelé positif : environ 900m
Difficulté : 4/10

En résumé

Une balade assez longue, mais pas difficile, avec départ et arrivée au chalet, dans un cirque très sauvage, où on note bien plus de traces de sabots que de chaussures de montagne. Les fraises des bois sont nombreuses et délicieuses. A ce propos, y a-t-il plus belle preuve de l'existence de Dieu que les fraises des bois ? Car à quoi donc pourraient servir ces minuscules fruits sauvages à la saveur unique et exquise, sinon à procurer un plaisir quasi divin aux randonneurs qui prennent la peine d'aller les cueillir ?

L'itinéraire

A Bémont d'en Bas, on vous regarde passer
Départ à pied du chalet en direction de Vallon. On traverse la route de Sixt pour rejoindre le Giffre, qu'on traverse au Pont de Revé. On suit le chemin jusqu'à Bémont d'en Bas. Au pont qui traverse le Nant d'Ant (qu'on ne traverse pas), on prend le sentier vers Bémont d'en Haut. On poursuit jusqu'à rejoindre le large chemin qui mène au Lac de Gers, au lieu-dit Roux.
On prend ce chemin vers la droite (donc en descendant) sur quelques dizaines de mètres, puis on prend sur la gauche un chemin forestier qui monte assez raide dans la forêt - à partir de là il n'y a plus de balisage.

Le chantier du Club Méditerranée à Samoëns 1600

On suit le chemin forestier jusqu'au bout, puis on s'engage sur un sentier qui commence par un petit escalier en rondins sur la gauche et qui suit à peu près la ligne de niveau sur le versant ouest du Trapechet. Le sentier est bien tracé dans la forêt, mais disparaît parfois dans l'herbe lorsque la forêt est moins dense. Il faut donc faire attention où on pose les pieds, et il vaut mieux avoir des guêtres si on veut éviter d'avoir les pieds trop mouillés.

 Le sentier traverse un certain nombre de petits torrents - il faut là aussi faire attention où on met les pieds.

Petite cascade d'un nant sans nom au fond du cirque
On finit par redescendre vers le fond du Cirque, où l'on rejoint le large chemin qui ramène au Pont de Lédedian.
Retour par la route jusqu'au Béné. Arrivé sur la grande route de Samoëns 1600, on la descend sur 200 mètres, puis on prend sur la droite le chemin qui ramène vers Samoëns en passant par Les Rots - chemin qui est aussi une piste de descente de VTT.






Un peu de toponymie

Vaconnant (cirque de Vaconnant). Il semble probable qu'il s'agisse d'un nom composé à partir de nant, mot régional désignant un ruisseau ou un torrent dans une vallée étroite, issu du gaulois nantu ou nanto, vallée (cf. Nantua). Car dans la région, on voit des nants partout.
Reste à savoir d'où vient le "vaco" qui le précède.
Première hypothèse. On trouve dans l'Ain un hameau appelé Vacon. Selon H. Suter, son nom dériverait de celui d'un certain Vasconus, du latin vasconus, vascon, nom dont les Romains désignaient les habitants de nord de l'Espagne (et duquel dérivent Basques et Gascons). Si l'on suit cette voie, Vaconnant serait le torrent du Gascon.
Seconde hypothèse (ma préférée). En vieux français, l'adjectif vaque (ou vacques), qualifiant un terrain, signifie  inculte (cf. les mots français vacant ou vacuité - l'expression terrain vague est d'ailleurs une déformation de terrain vaque). Ce serait l'origine de toponymes comme les Vacques ou les Vaccoz (Valais). Dans cette hypothèse, Vaconnant serait le torrent du désert (ou le désert du torrent).
Quoi qu'il en soit, la combe de Vaconnant était dans le passé, comme sa voisine de Gers de l'autre côté de la pointe du Trapechet et de l'arête de la Tenaz, l'un des pâturages exploités par les paysans de Vercland et de Morillon.

Revé (pont de Revé). On trouve en Savoie et en Suisse romande plusieurs toponymes voisins : le Revé, les Revées, le Revex. Selon H. Suter, il pourrait s'agir de formes patoises du mot revers, pour désigner l'envers (versant nord, ou ubac) de la montagne. Le pont de Revé est, de fait, le pont sur le Giffre qui permet, de Vallon, de rejoindre le versant envers. On peut rapprocher ce nom de la Rivière Enverse, village situé lui aussi sur le versant nord (rive gauche du Giffre) à l'aval de Morillon.

Bémont (d'en bas et d'en haut). , c'est beau en patois. Bémont, c'est donc tout simplement un beau mont - étant entendu que "le qualificatif beau se rapporte le plus souvent à une construction (château, église) plutôt qu´à la montagne elle-même" (H. Suter). Sans doute y a-t-il eu dans le passé une construction importante à cet endroit, occupé aujourd'hui par quelques fermes.

Nant d'Ant (et sa cascade). On voit parfois écrit, dans des textes du siècle dernier, cascade du Nandan. Et Bessat et Germi, dans leur atlas toponymique, indiquent que "dans le Giffre nandan signifie cascade". J'ai plutôt tendance à penser que la "bonne" orthographe est bien Nant d'Ant, compte tenu de la fréquence de la dénomination Nant pour désigner un torrent. Mais pourquoi d'Ant ? Mystère et boule de gomme.

Lédedian (pont de Lédedian). La dernière fois que je m'étais interrogé sur ce toponyme, j'avais dû donner ma langue au chat. Mais je n'aime pas rester sur un échec.
On trouve parfois écrit l'Ededian, voire l'Edian. Mais ça n'aide pas vraiment. Il existe aux environs de la Giettaz un lieudit Le Dedian. J'aurais tendance à rapprocher ces toponymes du patois savoyard dedian, ou dedians, qui signifie dedans, comme en témoigne cette jolie phrase : - Buvio pé de c'tio, lo vaqua aillo caga dedian ! (Ne buvez pas cette eau, les vaches ont chié dedans !).
On aurait eu ainsi d'abord un lieu-dit appelé Le Dedian ou Les Dedians (le dedans), devenu aujourd'hui Lédedian. Et le pont construit à cet endroit sur le Nant d'Ant (le Nant Dedian ?) aurait naturellement été appelé pont de Lédedian.

Béné. Béné est aussi répandu comme toponyme que comme patronyme. Il est possible que le toponyme soit simplement le reflet du patronyme du propriétaire des lieux - Béné est l'équivalent patois de Benoît. Mais il se peut aussi qu'il s'agisse du mot patois bené (ou beuné, ou borné), qui désigne une fontaine.

La Ténaz, ou Tena (arête et col de la Tenaz). Du patois tena (du latin tina, cuve), désignant une cuvette creusée par l´érosion d'un torrent. On retrouve la même origine dans les Gorges des Tines, sur le Giffre entre Samoëns et Sixt. En patois, la tine (tina en occitan) était aussi une grande cuve où l'on mettait le vin. Dans la même collection, on a la tinette, qui était à l'origine un baquet servant à transporter le beurre, et qui est devenue plus tard un grand pot de chambre collectif, puis par extension des toilettes transportables. On a aussi l'expression "en faire (ou ne pas en faire) une tinette", pour dire en faire (ou ne pas) tout un plat.
S'agissant de l'arête, et du col, de la Tenaz, le toponyme est sans doute "monté" du torrent ("Couloir de la Tenaz") au sommet. On ignore pourquoi nos ancêtres ont préféré remonter le nom de la Tenaz plutôt que celui du torrent voisin, le "Couloir des Morts".

Le Trapechet (chalet et pointe du Trapechet). Selon H. Suter, Trapechet pourrait venir de pechet, désignant un petit pâturage (dérivé du latin pascuarium, « pâturage, pacage, prairie, pré » - on trouve aussi les toponymes Péché, Pécheux ou Péchette avec ce même sens), auquel se serait ajouté le préfixe tra-, au-delà. Le chalet du Trapechet serait donc celui situé au-delà du pâturage. Et son nom est ensuite monté à la Pointe du Trapechet.

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