La margàla, qui se prononce "margale" (le a final, suffixe du féminin, ne se prononce pas), est l'un des mots utilisés en Savoie et Haute-Savoie pour désigner le fruit du cerisier sauvage, ou merisier.
Le margalier est donc l'arbre qui produit la margàla.
Le mot margalier peut être rapproché d'amarugièr et d'amargasson, deux mots occitans qui désignent le merisier, tous deux dérivés de l'adjectif amar, amer, ou du verbe amargar, être amer (curieusement, le verbe s'amargar signifie se sauver, ce qui semble n'avoir rien à voir). Et en espagnol (comme en catalan), amarga signifie amère. Comme dans le poème de Francisco Quevedo, mis en musique et chanté par Paco Ibanez, Es amarga la verdad (La vérité est amère).
(Pour écouter la chanson, cliquer ICI).
On peut donc penser que la margàla était en réalité à l'origine l'amargàla, cerise amère. Comme la merise était peut-être à l'origine une amerise. Et le margalier devrait alors se dire l'amargalier.
D'autres rapprochements sont possibles, plus ou moins fantaisistes.
Le margal (ou fausse ivraie, ou ray grass en anglais) désigne l'herbe qui pousse spontanément sur un champ de blé après la moisson. On appelait ce champ une margalière. Cette herbe, dont on cueillait la graine pour ensemencer les prés, était considérée comme un "pâturage exquis", que l'on destinait aux jeunes agneaux. Peut-être pouvait-il pousser des margaliers dans les margalières ?
En occitan, margal a aussi la signification de "lascif, ayant un penchant pour le plaisir sensuel". Toujours en occitan, le verbe margalhar signifie "peindre de différentes couleurs", et l'adjectif margalha veut dire bariolé. Le Dictionnaire de l'Académie mentionne aussi le mot margal comme désignant la sève de l'agave, dont on tire au Mexique une boisson alcoolisée appelée poulère. Et en ouolof (langue parlée au Sénégal), un margal est un cercle, dans lequel, par définition, on tourne en rond ...
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