mardi 26 juillet 2011

Pues amarga la verdad

Ceux et celles d'entre vous - ils sont certainement nombreux - qui ont lu intégralement ce blog depuis le premier jour, et qui ont cliqué sur tous les liens, se souviennent sans doute que le mot margalier vient de l'occitan amarga, qui signifie amère (comme l'est la cerise sauvage que produit le dit margalier). Ils ont à coup sûr écouté la chanson de Paco Ibanez Pues Amarga la Verdad (La vérité est amère), dont les paroles ont été écrites par Francisco de Quevedo y Villegas, écrivain espagnol du début du 17ème siècle. Mais, à moins qu'ils n'aient été des spécialistes de l'espagnol du 17ème siècle, il est possible que le sens de cette chanson leur ait partiellement échappé.

Pour eux, et pour ceux et celles qui voudraient se rattraper, voici donc le texte complet du poème en question accompagné, en exclusivité mondiale, d'une traduction française de mon cru.

Et, pour le plaisir, écoutez encore une fois la voix magnifique du grand Paco Ibanez.

(Pour écouter la chanson, cliquer ICI).



Pues amarga la verdad,
Quiero echarla de la boca;
Y si al alma su hiel toca,
Esconderla es necedad.
Sépase, pues libertad
Ha engendrado en mi pereza
La Pobreza.

¿Quién hace al tuerto galán
Y prudente al sin consejo?
¿Quién al avariento viejo
Le sirve de Río Jordán?
¿Quién hace de piedras pan,
Sin ser el Dios verdadero
El Dinero.

¿Quién con su fiereza espanta
El Cetro y Corona al Rey?
¿Quién, careciendo de ley,
Merece nombre de Santa?
¿Quién con la humildad levanta
A los cielos la cabeza?
La Pobreza.

¿Quién los jueces con pasión,
Sin ser ungüento, hace humanos,
Pues untándolos las manos
Los ablanda el corazón?
¿Quién gasta su opilación
Con oro y no con acero?
El Dinero.

¿Quién procura que se aleje
Del suelo la gloria vana?
¿Quién siendo toda Cristiana,
Tiene la cara de hereje?
¿Quién hace que al hombre aqueje
El desprecio y la tristeza?
La Pobreza.

¿Quién la montaña derriba
Al valle; la hermosa al feo?
¿Quién podrá cuanto el deseo,
Aunque imposible, conciba?
¿Y quién lo de abajo arriba
Vuelve en el mundo ligero?
El Dinero.
Oui, la vérité est amère
Mais je veux la dire de ma bouche ;
Et même si son fiel atteint notre âme,
Il est stupide de la cacher.
Sachez-le, elle m'a donné la liberté
Malgré mon manque de courage,
La pauvreté.

Qui rend le borgne aimable
Et fait du sot un sage ?
Qui rajeunit le vieil avare
Comme le ferait l'eau du Jourdain ?
Qui transforme les pierres en pain
Sans être le vrai Dieu ?
L'argent.

Qui, par sa sauvagerie,
Effraie les rois, avec leur sceptre et leur couronne ?
Qui, bien que n'ayant pas de loi,
Mérite la sainteté ?
Qui, en toute humilité,
Lève la tête jusqu'au ciel ?
La pauvreté.

Qui, à la manière d'un onguent,
Rend humains les juges implacables
Et, en enduisant leurs mains,
Adoucit leur cœur ?
Qui soigne leurs aigreurs
Avec de l'or, pas avec du fer ?
L'argent.

Qui souhaiterait que du monde
Disparaisse la vaine gloire ?
Qui, bien que toute chrétienne,
A le visage d'une hérétique ?
Qui fait que l'homme subit
Le mépris et le malheur ?
La pauvreté.

Qui transforme la montagne
En vallée ? qui donne la beauté à ce qui est laid ?
Qui peut tout désirer
Même l'impossible ?
Et qui met tout à l'envers
Dans ce monde si léger ?
L'argent.

2 commentaires:

  1. Es amarga la véridad...que de souvenirs de luttes contre franco et contre l'emprisonnement de prisonniers basques dans les années 70...c'était notre ralliement avec Andaluces de Jaen, nous étudiants marseillais qui espérions un monde meilleur...bof...

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